LE PAYSAGE

Le paysage est une pure interprétation d’un imaginaire qui tente de se faire une idée de la nature en tant que telle. Le paysage est issu de l’art et de la représentation. Il est un genre artistique à part entière qui restitue l’invention imagée d’une représentation de la nature. Le paysage est culturel, car il n’existe pas autrement. Il y a la nature et sa représentation ainsi nommée : paysage. Que peut-on y voir ? Que regarde-t-on face à un paysage ?

 

Il est une singularité, une délimitation et ces choix passent pour être la nature au titre de paysage. La nature s’y trouve remaniée par le regard. Le paysage est un signe de l’art. Mais en quoi le paysage nous concerne-t-il comme citoyen ? C’est la question que ce sont posés ces jeunes photographes sélectionnés pour ce projet. On peut le représenter dans son unité, comme un tout que forme la nature riche et apaisante, mais c’est oublier le flux chaotique du monde, les pulsions de vie et des sentiments. Les enjeux du genre ont évolué et se sont élargis. La dynamique du paysage est créative et la nature devient “sujet“.

 

Sacré sujet qui aborde la transformation du paysage avec son temps. Le pittoresque engagé avec la modernité, la nature avec l’industrie, les campagnes avec l’urbanisme, les plaines avec les réseaux de communication, les routes et autoroutes et l’agriculture en prise avec la rentabilité. Le paysage engendre la question de l’humain et son environnement se pose là. Les territoires et le climat deviennent des enjeux majeurs. Sommes-nous acteurs de nos paysages ? Nous les mettons en lumière, nous les façonnons, en tant qu’artiste photographe, mais aussi en tant que citoyen, en actes qui ont des conséquences. C’est en ce sens que se sont engagés mes élèves de l’école de Condé et plusieurs jeunes photographes invités, avec ce travail photographique.

 

Le résultat, c’est une exposition qui se propose de questionner et d’envisager le paysage, ce genre particulièrement photographique et contemporain, au travers du regard d’une jeunesse enthousiaste, sensible et créative.

 

Catherine Rebois

Présidente d'Interférent

© Terry Thenuwara étudiant à l'école de Condé

Luminaissance

© Fanny Legros

Le grand paysage

FANNY LEGROS #photographe #conseillère artistique du projet 'visages citoyens' : Née en 1986 elle suit des études de commerce et décide après plusieurs années de s'orienter vers la photographie. Depuis trois ans, elle entreprend un travail à la fois documentaire et personnel sur le monde agricole. Son état et ses enjeux, l'amènent à interroger notre époque et ses modes de vie.

http://www.fannylegros.com


LES PHOTOGRAPHES invités et les élèves de l'école de Condé

Fanny Legros, Clémentine Belhomme, Rémi Gregy, Cécile Guys

 

Mikael Spautz, Leila Payan, Héloise Boissel Dombreval, Michael Bourjac, Joséphine Brueder, Marie Quaegebeur, Elise Darjo, Maud Frichement, Karla Hiraldo Voleau, Jordan Calbry, Augustin Lignier, Margaux Magnan, Bianca Missinon, Mathieu Andrieux, Marine Millot, Antoine Perrier, Charlotte Petit, Philippe Petitpas, Laura Quemener, Taina Bismuth, Terry Thenuwara, Elise Thiverny, Alix Watin Augouard


SOUFFLE

Longtemps dévolues aux seules conditions d’existence, les revendications collectives et de façon plus floue les attentes qui s’expriment évoluent, se complètent. Le citoyen reprend son souffle en s’attachant désormais aux conditions de la vie. A l’organisation que les sociétés se donnent à elles-mêmes, doit dorénavant s’ajouter le souci de ce qu’on appelle souvent l’impact des activités humaines. Dans le champ économique, il se décrit comme des externalités, ces dimensions incalculables qui ne peuvent se réduire à une échelle paramétrique, qui échappent à la quantification et même à l’évaluation, puisqu’elles renvoient plus à notre conception du monde qu’à son fonctionnement. En fait, se dévoile aujourd’hui une réalité seulement oubliée, parce que la nature baignait la culture des civilisations anciennes. Peut-être s’agit-il d’ailleurs moins de se réapproprier de telles représentations imagées, que d’accepter humblement ce qu’elles portaient en elles de vérités premières, par-delà les symboles et les signes étranges ; le sentiment que nos limites ne sont jamais qu’intérieures. Quelle grandeur y a-t-il à combattre les lois du monde, précisément ce qui ne peut être changé, sinon que par la destruction, jusqu’à la désintégration ? Mais aucun découragement ne doit prendre place, devant cet avènement immense et inquiétant, d’un environnement jusqu’alors ignoré dans sa rationalité. Il confirme l’infini pouvoir des hommes à marquer tout ce qui les entoure de leur emprunte et dans le temps. Devenu étroit, notre espace reste à apprivoiser puisque il sait préserver ses profondeurs insondables. Dans cette intimité délicate, le vent devient le souffle d’une parole, la tempête un appel de détresse.

 © Clémentine Belhomme, 2014, série Nature humaine n°1

 

« Ce désir de ne faire qu'un avec le paysage, sentir la nature encore sauvage au plus près de soi. » Clémentine Belhomme